Définition
Désigné dans le langage populaire par le terme « oignon », l’Hallux Valgus est une déformation du 1er métatarsien vers l’intérieur (en varus), et de la 1ère phalange du gros orteil (« hallux » en latin) vers le dehors (en valgus). Cette déformation entraine un frottement dans la chaussure et la formation d’une bosse osseuse (exostose). Cette bosse augmente avec le temps et peut être responsable de l’apparition d’une rougeur ou inflammation sur le côté du pied (bursite).
Vous consultez car vous n’arrivez plus à vous chausser et que la gêne liée à l’oignon douloureux est de plus en plus importante au quotidien. Des douleurs et des déformations des petits orteils (griffes) peuvent apparaître secondairement.
Causes de l’Hallux Valgus :
- Un terrain familial est souvent rencontré mais les facteurs favorisants sont multiples (pied plat, pied égyptien, hyperlaxité, hallux valgus congénital…).
- Le facteur le plus souvent incriminé en dehors de l’hérédité est le chaussage, surtout quand il est trop serré ou par le port fréquent de talons hauts.
Traitement médical
Un traitement médical peut être tenté, incluant:
– Le port de semelles orthopédiques ou d’orthèses visant à réduire la déformation de façon temporaire.
– Les antalgiques peuvent soulager provisoirement les symptômes en cas de crise douloureuse.
Seule la chirurgie permet de corriger efficacement la déformation et de soulager les douleurs.
L’opération est décidée en fonction de l’importance des douleurs, de la gêne quotidienne et des difficultés au chaussage. L’importance de la déformation n’est pas forcément corrélée à l’importance de la gêne. Certain hallux valgus très déformés sont totalement indolores et ne justifient pas d’intervention chirurgicale. A l’inverse, un hallux valgus peu déformé mais douloureux est opérable.
Vous êtes la seule personne à même d’évaluer l’importance de votre gêne dans la vie quotidienne (chaussage au quotidien, gêne sportive ou professionnelle) et de décider du bon moment pour se faire opérer.
Si la douleur au niveau du gros orteil commence à s’étendre aux autres orteils, il est recommandé de ne pas trop attendre avant de se faire opérer.
Si la gêne est uniquement esthétique, l’opération est alors déconseillée car les risques de l’opération sont alors plus importants que les bénéfices.
Déroulement de l’opération
La chirurgie est le plus souvent réalisée sous anesthésie locorégionale (la jambe est « endormie »). Une sédation voire une courte anesthésie générale est possible pour votre confort.
L’opération dure environ 15 à 30 minutes et est réalisée en ambulatoire, c’est-à-dire que vous arrivez et vous repartez le jour même de l’intervention, en marchant.
La technique utilisée est dite mini-invasive ou percutanée (petites incisions de quelques millimètres ne laissant pas de cicatrices) et se déroule de la manière suivante :
- Le premier geste consiste à enlever la bosse osseuse avec une fraise.
- Le 1er métatarsien et la 1ère phalange sont coupés (ostéotomie) pour réaligner l’orteil
- Il n’y a pas de pose d’implant, c’est un pansement spécial qui tient l’orteil en position pendant 15 jours.
- Des gestes complémentaires peuvent être nécessaires en fonction des déformations associées (douleurs ou griffes des autres orteils, bunionnette du cinquième orteil).
Le taux de satisfaction est supérieur 90%.
Suivi post-opératoire
Le jour même : La reprise de l’appui complet est autorisée le jour de l’opération grâce à une chaussure médicalisée, à porter 1 mois. Des béquilles sont nécessaires le soir de la sortie de la clinique car le pied peut être encore sous anesthésie (chirurgie ambulatoire).
Les premiers jours : prenez les médicaments antalgiques sans attendre la douleur. La cryothérapie est importante pour réduire l’œdème et les douleurs post-opératoires. Après quelques jours, vous pouvez diminuer les antalgiques si vous ne ressentez aucune douleur.
La première semaine : La conduite est autorisée une semaine après l’opération, en fonction de la douleur. La marche avec la chaussure médicalisée est autorisée sans restriction, mais respectez des périodes de repos avec le pied surélevé la première semaine. Évitez les marches prolongées pour ne pas augmenter les douleurs et le gonflement. Ne marchez pas pied nu pendant 1 mois.
Protégez le pied opéré de l’eau les deux premières semaines (averse, douche) en utilisant une housse de protection étanche.
J+ 15 : Le premier pansement est réalisé par votre chirurgien 15 jours après l’opération pour vérifier la cicatrisation et effectuer des radiographies de contrôle. Une orthoplastie en silicone et une bande de contention sont alors mises en place pour activer la circulation veineuse et limiter l’œdème. Une fois la cicatrisation acquise, la douche est autorisée. Lors de cette consultation, votre chirurgien autorisera le début de la rééducation.
J+ 60 : Une nouvelle consultation de contrôle 60 jours après l’opération permet de vérifier la bonne évolution de votre pied. Des bas ou chaussettes de contention peuvent être portés pour diminuer l’œdème et faciliter le rechaussage.
Au départ, vous pourrez porter des chaussures larges et souples, puis progressivement des chaussures plus fines voire talons.
La reprise d’une activité physique légère (vélo, natation) est possible au bout d’un mois. La reprise de la course à pied sera généralement possible entre 2 et 3 mois après l’opération.
La reprise du travail est possible avec les chaussures médicalisées au bout de quelques jours pour un travail sédentaire (travail de bureau permettant de rester assis et de garder le pied
surélevé). Pour un travail physique ou nécessitant de nombreux déplacements, la reprise se fait environ à la 6ème semaine, avec une adaptation temporaire du poste de travail si nécessaire.
Risques opératoires
Les risques et complications de l’opération sont rares mais existent. Ils sont augmentés par des problèmes de santé préexistants (problèmes cardiaques, troubles de la coagulation, diabète) et le tabagisme. Il est recommandé d’arrêter de fumer avant l’opération.
Les risques incluent :
- Hématome, qui se résorbe en règle générale spontanément.
- Phlébite, pouvant entraîner une embolie pulmonaire et nécessiter un traitement anticoagulant.
- Infection, rare (0,5%) mais pouvant nécessiter des antibiotiques voire une nouvelle intervention.
- Irritation des nerfs de la zone opérée, pouvant causer des troubles de la sensibilité.
- Raideur : la rééducation est essentielle pour éviter l’enraidissement du gros orteil et permettre une récupération complète.
Risques spécifiques :
- Récidive de la déformation, rarement de façon précoce mais possible après 10 ans, pouvant nécessiter une chirurgie de reprise.
- Arthrose ou nécrose osseuse, très rare mais possible dans l’année suivant l’opération.
- Retard de consolidation osseuse ou pseudarthrose, rarissime.
- Gonflement : en post-opératoire, un œdème de l’avant-pied est habituel et peut persister en moyenne 3 à 6 mois. Il est lié à l’importance des gestes chirurgicaux et à l’état des veines. Pour le diminuer, il est essentiel en post opératoire de bien surélever le pied et de glacer. Ensuite, il faut maintenir une bande de contention le premier mois puis d’utiliser des chaussettes ou bas de contention. Une phase douloureuse peut apparaître après le premier pansement, correspondant à la reprise des activités et à la réduction des antalgiques. Ces douleurs régressent progressivement.
- Algodystrophie : rarement, des réactions inflammatoires post-opératoires peuvent occasionner des douleurs persistantes. Il s’agit d’une réaction anormale des nerfs au stress de la chirurgie. Une complication rare mais longue à guérir.
Des anomalies du médio ou de l’arrière pied non corrigées par cette chirurgie peuvent nécessiter le port de semelles orthopédiques sur mesure à partir du 3ème mois post-opératoire.
Les risques énumérés ne sont pas exhaustifs. Votre chirurgien donnera des explications complémentaires et discutera avec vous des avantages, inconvénients et risques de l’intervention. Être bien informé et discuter avec votre chirurgien et votre anesthésiste permet de réduire les risques et de savoir comment réagir en cas de complication.