Instabilité & douleur de cheville

L’instabilité chronique de cheville correspond à des sensations de dérobements répétés de la cheville en rapport avec un relâchement (laxité) de ses ligaments collatéraux (interne ou externe). Il s’agit en général de séquelles d’entorses de cheville mal soignées. Cette instabilité peut être responsable d’une limitation invalidante des activités professionnelles et sportives. Dans certains cas, la cheville est stable mais il persiste des douleurs récidivantes en regard d’une ancienne entorse. Le bilan est alors primordial pour connaitre l’état de votre ligament. Les douleurs peuvent en effet être liées à une mauvaise cicatrisation du ligament.


Diagnostic

Un bilan d’imagerie peut comporter :

  • Des radiographies (+/- dynamiques)
  • Une échographie
  • Un scanner
  • Une IRM.

En fonction du bilan, de nouvelles lésions peuvent être découvertes comme la présence de LODA (Lésion Ostéochondrale du Dôme du Talus) ou d’arthrose.


Traitement médical

En général, le patient a déjà fait de la kinésithérapie. Il convient de s’assurer que cette rééducation a été faite correctement.

Si besoin des infiltrations de corticoïdes ou de PRP peuvent être réalisés.
En cas de déséquilibre de l’arrière-pied, des semelles orthopédiques doivent être portées.


En cas d’échec du traitement médical et en fonction du bilan lésionnel, il peut être décidé de reconstruire les ligaments de la cheville (ligamentoplastie) ou de retendre le ligament détendu.


Déroulement de l’opération

Il faut reconstruire votre ligament : la ligamentoplastie anatomique

  • Chirurgie réalisée sous anesthésie locorégionale (la jambe est « endormie »). Une sédation voire une courte anesthésie générale est possible pour votre confort.
  • L’opération est réalisée en ambulatoire (vous repartez le jour même de l’intervention), en marchant.
  • L’intervention dure environ 30 à 45 minutes.
  • La technique utilisée est dite arthroscopique. C’est-à-dire qu’elle est réalisée par des petites incisions de quelques millimètres au niveau de la cheville par lesquelles une caméra est introduite pour voir à l’intérieure de l’articulation.
  • Au préalable, le chirurgien réalise un prélèvement d’un tendon au niveau du genou. Il prélève le droit interne qui est un des tendons ischio jambiers.
  • L’opération consiste à refixer votre nouveau ligament à l’endroit de l’ancien ligament abimé.

Il faut retendre votre ligament : la retente ligamentaire

La prise en charge est identique mais elle ne nécessite pas de prélèvement de tendon au genou. En effet, la chirurgie consiste à libérer puis retendre le ligament détendu de la cheville, sous arthroscopie, en le fixant à l’aide de mini ancre résorbable.


Suivi post-opératoire

  • Elles sont identiques quelque soit la technique utilisée.
  • L’appui complet et autorisé sous couvert d’une botte de marche pour 30 à 45 jours.
  • La rééducation commence au bout du premier mois.
  • Le reprise du sport est autorisé au 3ème mois.

Risques opératoires

Le taux de complications avec cette technique est faible.
Les risques sont augmentés en présence de problèmes de santé préexistants (problèmes cardiaques, troubles de la coagulation, diabète) et de tabagisme actif. Il est recommandé d’arrêter de fumer complètement avant l’opération.

Les risques incluent :

  • Hématome, qui se résorbe en règle générale spontanément.
  • Phlébite, pouvant entraîner une embolie pulmonaire et nécessitant un traitement anticoagulant
  • Infection, rare mais pouvant nécessiter des antibiotiques voire une nouvelle intervention. 
  • Irritation des nerfs de la zone opérée, pouvant causer des troubles de la sensibilité, notamment sur le dos du pied.
  • Raideur, la rééducation est essentielle pour éviter l’enraidissement de l’articulation de la cheville et permettre une récupération complète.
  • Gonflement : en post-opératoire, un œdème de l’avant-pied et de la cheville est habituel et peut persister en moyenne 3 à 6 mois. Il est lié à l’importance des gestes chirurgicaux et à l’état des veines. Pour le diminuer, il est essentiel en post opératoire de bien surélever le pied et de glacer.
  • Algodystrophie : rarement, des réactions inflammatoires post-opératoires peuvent occasionner des douleurs persistantes. Il s’agit d’une réaction anormale des nerfs au stress de la chirurgie. Une complication rare mais longue à guérir.

Des anomalies associées du médio ou de l’arrière-pied non corrigées par cette chirurgie peuvent nécessiter le port de semelles orthopédiques sur mesure confectionnées à partir du 3ème mois post-opératoire, si besoin.

En plus des complications communes à toute intervention chirurgicale et des risques liés à l’anesthésie, il existe des risques spécifiques de cette chirurgie :
Les nerfs de la région du pied et de la cheville peuvent être comprimés lors de la chirurgie et entrainer une gêne ou des douleurs du dos du pied. La récupération se fait en plusieurs mois.

Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive. Votre chirurgien donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention. Être bien informé et discuter avec votre chirurgien et votre anesthésiste permet de réduire au maximum les risques de l’intervention et de savoir comment réagir lors de la survenue d’une complication.