Les Tendinopathies du tendon d’Achille

Le terme tendinopathie d’Achille regroupe de nombreuses pathologies pouvant atteindre le tendon d’Achille à différents endroits. Il regroupe :

  • Les tendinopathies corporéales : c’est-à-dire lorsque la douleur est située en plein milieu (corps) du tendon
  • Les tendinopathies d’insertions (enthésopathies) : c’est-à-dire lorsque la douleur est situé en regard de son insertion sur l’os du talon (calcanéum)
  • Les tendinopathies mixtes : lorsque la douleur est située sur le tendon et à son insertion.

Diagnostic & précisions complémentaires

1) Tendinopathie corporéale : Avec l’âge et/ou l’utilisation répété, le tendon s’abime. La tendinopathie corporéale est une souffrance en plein corps du tendon. Cliniquement, on retrouve souvent une grosseur à l’arrière de celui-ci et une douleur lors de la palpation. La chaine postérieure (continuité allant de l’arrière du genou jusque sous le pied) est souvent raide.

2) Tendinopathie d’insertion :

  • Enthésopathie
    Il s’agit d’une douleur sur l’insertion du tendon d’Achille.
    Elle est en générale liée à une sur utilisation, un surmenage du tendon (coureurs), ou un problème de charge (travail, surpoids).
    Parfois, une anomalie structurale, avec un os calcanéen trop vertical
    , peut être associée.
  • Maladie de Haglund
    La maladie de Haglund est une pathologie où la zone d’insertion du tendon d’Achille entre en conflit avec le bord postéro-supérieur de l’os calcanéum qui est trop épais. Elle se manifeste par des douleurs à la partie postérieure du talon (talalgie) avec un gonflement et une rougeur de la peau.

Des examens d’imageries sont nécessaires pour confirmer la suspicion clinique. Cela comprend :

  • Des radiographies de la cheville, de face et de profil, permettent d’évaluer l’arrière-pied et d’étudier la forme du calcanéum.
  • Une échographie ou une IRM pour rechercher une tendinopathie d’Achille associée.

Traitement médical

  • Modifier le chaussage en portant des chaussures souples et confortables.
  • La prise orale d’Anti Inflammatoire Non Stéroïdien (AINS)
  • De la rééducation avec exercices d’assouplissements de la chaine postérieure.
  • Des semelles orthopédiques, avec talonnette postérieure.

En cas de douleurs persistantes, des ondes de choc ou des infiltrations de PRP (Plasma Riche en Plaquettes) peuvent aider le tendon à cicatriser. En cas d’échec, une prise en charge chirurgicale adaptée est indiquée.


Déroulement de l’opération

En résumé :
La chirurgie est adaptée à chaque cas clinique, et peut associer différentes techniques en fonction du bilan. Dans tous les cas :

  • La chirurgie est réalisée sous anesthésie locorégionale (la jambe est « endormie »). Une sédation voire une courte anesthésie générale est possible pour votre confort.
  • L’opération est réalisée en ambulatoire (vous repartez le jour même de l’intervention).
  • L’intervention dure entre 30 à 60 minutes, selon l’indication
  • Les techniques utilisées sont toujours mini invasives. Il s’agit soit d’arthroscopie ou tendinoscopie : c’est-à-dire qu’elle est réalisée par des incisions de quelques millimètres au niveau de la cheville par lesquelles une caméra est introduite pour voir à l’intérieure de l’articulation ou du tendon ; soit en percutanée : c’est-à-dire qu’elle est réalisée par des incisions de quelques millimètres ne laissant pas de cicatrices, le geste étant réalisé sous contrôle radiologique.

Détail de la procédure, en fonction de l’indication :

Tendinopathie corporéale : La technique utilisée est une tendinoscopie (visualisation du tendon avec une caméra) afin de reséquer la partie inflammatoire du tendon (ténosynovectomie) et de relancer le processus cicatriciel du tendon (peignage)

Enthésopathie : La technique utilisée est une mini invasive. Une coupe de l’os (ostéotomie) permet de remodeler l’axe du calcanéum afin de réduire les tensions sur le tendon et / ou un éventuel conflit. Dans de rare cas, il est nécessaire de désinsérer le tendon puis de le refixer. Cette technique peut être réalisée en mini invasif ou à ciel ouvert.

Conflit de Haglund : La technique utilisée est une mini invasive. L’opération consiste à supprimer l’excès d’os du bord postéro-supérieur du calcanéum responsable du confit en réalisant si nécessaire un geste associé sur le tendon si celui-ci est atteint.


Suivi post-opératoire

Immédiatement après l’intervention :
La marche avec un appui complet est autorisée sous couvert de béquilles pour soulager les douleurs. La cryothérapie est importante pour diminuer l’œdème et les douleurs post-opératoires.

Quelques jours après l’intervention :
Il est possible de diminuer les antalgiques s’il n’y a aucune douleur. Si l’opération est réalisée à ciel ouvert, des soins infirmiers à domicile seront nécessaires pour changer les pansements tous les 3 jours et pratiquer des injections d’anticoagulants pour prévenir les phlébites.

Après une semaine, la conduite automobile est envisageable, en l’absence de port de botte orthopédique.
Le sevrage des béquilles se fait habituellement sous 15 jours.
Une décharge de 30 à 45 jours devra être respectée pour les cas d’ostéotomie ou de désinsertion-réinsertion du tendon.


Les activités sportives débutent progressivement au 3ème mois post-opératoires.
Durée de l’arrêt de travail : Varie de quelques jours pour un travail sédentaire jusqu’à 2 mois pour un travail physique.


La récupération complète peut demander jusqu’à un 6 mois


Risques opératoires

Le taux de complication avec ces techniques est faible.
Les risques sont augmentés en présence de problèmes de santé préexistants (problèmes cardiaques, troubles de la coagulation, diabète) et de tabagisme actif. Il est recommandé d’arrêter de fumer complètement avant l’opération.

Les risques incluent :

  • Hématome, qui se résorbe en règle générale spontanément.
  • Phlébite, pouvant entraîner une embolie pulmonaire et nécessitant un traitement anticoagulant
  • Infection, rare mais pouvant nécessiter des antibiotiques voire une nouvelle intervention.
  • Irritation des nerfs de la zone opérée, pouvant causer des troubles de la sensibilité.
  • Gonflement : en post-opératoire, un œdème de la cheville est habituel et peut persister en moyenne 3 à 6 mois. Il est lié à l’importance des gestes chirurgicaux et à l’état des veines. Pour le diminuer, il est essentiel de maintenir des moyens de contention de type chaussettes ou bas de contention. 
  • Algodystrophie : rarement, des réactions inflammatoires post-opératoires peuvent occasionner des douleurs persistantes. Il s’agit d’une réaction anormale des nerfs au stress de la chirurgie. Une complication rare mais longue à guérir.
  • Retard de consolidation : la consolidation osseuse est acquise habituellement entre 4 à 8 semaines après l’opération. Cependant, certaines conditions (tabac, déficit en vitamine D, maladie vasculaire) peuvent ralentir la consolidation (retard de consolidation, jusqu’à 12 mois) ou entrainer une absence consolidation (pseudarthrose).

Des anomalies associées du médio ou de l’arrière-pied non corrigées par cette chirurgie peuvent nécessiter le port de semelles orthopédiques sur mesure confectionnées à partir du 3ème mois post-opératoire.

En plus des complications communes à toute intervention chirurgicale et des risques liés à l’anesthésie, il existe des risques spécifiques de cette chirurgie :

  • Le nerf sural peut être irrité au contact de la fraise lors de la chirurgie. Cette complication exceptionnelle peut être responsable de troubles de la sensibilité du pied. Ceux-ci s’estompent habituellement dans un délai variable et restent, dans l’ensemble, peu gênantes.
  • Le tendon d’Achille peut rarement être lésé ou inflammé au contact de la fraise. Des douleurs du tendon peuvent alors persister plusieurs mois.
    Ces opérations permettent de traiter efficacement la gêne et les douleurs des tendinopathies d’Achille. Néanmoins, la récupération peut être longue et il peut persister quelques douleurs.

Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive. Votre chirurgien donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention. Être bien informé et discuter avec votre chirurgien et votre anesthésiste permet de réduire au maximum les risques de l’intervention et de savoir comment réagir lors de la survenue d’une complication.